A Pierre-Dominique Martin (et ses semblables…) #BalanceTonPatron

mercredi 30 octobre 2019
par  Un syndiqué

En colère, indignées, déçues, choquées, remontées, même pas surprises… nos réactions face à notre supposé manque d’ambition ont été à la hauteur de l’inadéquation du discours porté par le BU Leader de CGI Business Consulting le 10 octobre dernier pendant la Tournée Annuelle.
Pour ne pas en rester là, et partager des pistes d’actions, voici une réponse à Pierre-Dominique Martin, BU Leader de CBC, et à ses semblables :

Lors de la tournée annuelle, et alors que l’on te posait la question « Où sont les femmes ? », faisant écho à l’absence criante de femmes au sein du CoDir CBC, tu as répondu que tu « souhaiterais que les femmes aient plus d’ambition ». Face au mécontentement provoqué par ta réponse, tu as persisté, arguant que ta réponse n’aurait pas été accueillie de la même manière si tu avais été une femme… On passera sur le fait que si notre BU leader avait été une femme on n’aurait pas eu à poser cette question, et on va essayer de t’expliquer en quoi ta réponse était complètement à côté de la plaque.

 Blâmer la victime n’est pas une bonne réponse.

 Dans ta réponse, tu as commencé par nous raconter que, dans un poste précédent que tu occupais, la proportion de femmes en responsabilité correspondait à leur proportion globale au sein des effectifs, avant d’ajouter que tu souhaiterais que les femmes aient plus d’ambition. En d’autres termes, s’il n’y a aucune femme au CoDir CBC, ce n’est pas de ta faute mais de celle de ces malheureuses en manque d’aspirations. En d’autres termes encore, parmi les 35% d’effectif féminin de l’entité CBC, il n’existe pas une femme pour prétendre être au CoDir CBC. En d’autres termes enfin, sur l’ensemble du marché du travail français (faut-il rappeler que dans ce comité, certains membres sont tout fraîchement embauchés ?) il n’y a aucune femme suffisamment compétente ni ambitieuse pour être au CODIR CBC.
 Pourtant, la formulation même de la question qui t’a été adressée témoigne du malaise ressenti par tes collaboratrices. Les femmes de CBC n’ont pas toutes le sentiment d’être appréciées à leur juste valeur, elles sont un certain nombre à estimer devoir en faire plus "parce que femmes", les frustrations liées à un environnement dominé par des hommes ne sont pas absentes. On n’en trouve d’ailleurs pas vraiment pour contester l’existence d’un plafond de verre…
Comment expliquer, alors, que tu ne trouves pas de femmes avec suffisamment d’ambition ? Un indice : en maths, quand on ne trouve pas de solution à un problème, on essaie de le regarder autrement.
 

 Faire l’impasse sur les solutions collectives, la ficelle est trop grosse pour être crédible.

 Nous ne sommes pas dupes. Dire que la solution repose sur les femmes, c’est aussi une façon de ne pas parler des solutions qui reposent sur nous, en tant que collectif de travail, en tant que "mini-société" au sein de la société, et donc aussi sur toi, cher BU Leader.
Que ce soit bien clair, il ne s’agit pas de nier qu’un certain nombre de stéréotypes sexistes sont parfois intégrés par les femmes elles-mêmes, et peuvent les conduire à s’autocensurer. Ce que l’on conteste, c’est la conclusion bien trop commode selon laquelle rien ne peut changer tant que les femmes ne cessent de s’autocensurer.
Il existe en effet de nombreux leviers, dont voici quelques exemples identifiés à partir d’un constat simple.

 

Constat

Les femmes subissent une pression temporelle d’autant plus forte qu’elles ont des responsabilités familiales et qu’elles assument l’essentiel des charges domestiques et familiales. Or, la responsabilité professionnelle est souvent associée à une exigence de disponibilité permanente et de présentéisme, ce qui limite l’accès aux responsabilités pour les femmes.
 
Levier 1 : L’aménagement du temps de travail

  • Exemples de choses à faire : veiller à respecter les horaires de travail, proscrire des heures de réunion tôt ou tard et hors temps de travail habituel, combattre le présentéisme comme seule mesure du travail des salarié.e.s.
  • Exemples de choses à ne pas faire : demander aux collaborateurs de travailler tard le soir (coucou l’empowered consultant), ne pas rémunérer les heures supplémentaires, envoyer des mails à 21h46…
     

Levier 2 : Les dispositions sur la parentalité

  • Exemples de choses à faire : mettre en place des droits d’absence rémunérés pour enfant malade, participation de l’entreprise et du CSE aux modes d’accueil de la petite enfance (par exemple, en réservant des places au nom de l’entreprise), aménager un temps consacré au suivi scolaire des enfants (journée de rentrée scolaire, mais aussi rencontre avec les enseignants tout au long de l’année sous forme d’heures trimestrielles…).
  • Exemples de choses à ne pas faire : exiger des parents qu’ils piochent systématiquement dans leurs congés payés, RTT Q1 ou Q2 pour gérer les aléas liés à leurs responsabilités familiales.

     

Et comme à la CGT on est sympas et constructifs, on a mis une liste thématique à ton attention et à celle de tes semblables en fin d’article, histoire de vous donner d’autres idées de réponses concrètes aux problèmes d’égalité professionnelle. De rien, ça nous fait plaisir.
 
Ah, et une dernière chose… expliquer aux femmes ce qu’elles doivent faire (et, au passage, qu’elles n’ont en fait rien compris) ça s’appelle du mansplaining, et c’est excessivement énervant.

Liste de thématiques à traiter pour favoriser l’égalité salariale
  • Conditions d’accès à l’emploi
  • Mixité des emplois
  • Formation professionnelle
  • Promotion et déroulement des carrières
  • Conditions de travail et d’emploi
  • Soutien des salarié.e.s à temps partiel
  • Articulation entre activité professionnelle et vie personnelle
  • Classifications des emplois et valorisation des emplois à prédominance féminine
  • Supprimer les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes
  • Combattre les violences sexistes et sexuelles
Pour plus d’infos sur ces thématiques, contacte la CGT !

Commentaires

Logo de Audrey Pineau
vendredi 8 novembre 2019 à 13h22 - par  Audrey Pineau

Etant une femme fraîchement promue chez CBC et étant particulièrement sensible à ce sujet, j’ai lu avec attention votre tribune et suis surprise de constater qu’en dehors du fait qu’elle est complètement décontextualisée, il manque les 2/3 de la réponse de Pierre-Dominique Martin à cette question !
Il a pourtant qualifié les mesures prises cette année chez CBC et donné des exemples chiffrés des résultats obtenus sur le sujet dans sa précédente BU, avant de terminer par cette citation d’Anna Notarianni, Présidente SODEXO France intervenue chez CBC au sujet de l’égalité hommes/femmes quelques semaines avant la tournée annuelle autour d’un petit déjeuner auquel toute la BU était invitée.
La personne qui a écrit cet article aberrant était-elle présente lors de ce débat particulièrement intéressant ? J’en doute fortement sinon elle aurait compris la référence, comme mes collègues et moi. J’en conclus donc que l’égalité hommes-femmes n’a pas le même intérêt à 8h30 autour de débats constructifs que lorsqu’il s’agit de vilipender un dirigeant dans un tract syndical mensonger.
Une DCS indignée par votre article

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